
Résister par l'art et la littérature
- Concours national de la Résistance
et de la Déportation 2016 -
Le Chant du peuple juif assassiné
"Le chant du peuple juif assassiné" est un texte qui a été écrit d'octobre 1943 à janvier 1944 en Yiddish et en hébreu par Yitskhok Katzenelson .

Yitskhok Katzenelson raconte dans ce livre ce qu'il a vécu dans le ghetto de Varsovie; il parle des révoltes et des combats qui éclataient dans le ghetto. Il parle des Allemands qui venaient chercher les juifs puis de leur déportation vers les centres de mise à mort. Il exprime aussi ses sentiments sur la mort de sa femme et deux de ses enfants qui ont été assassinés dans le centre de mise à mort de Treblinka.
Il a pu se sauver du ghetto de Varsovie avec des papiers honduriens et s'est retrouvé en France. Là, il a été arrêté par la milice.
Cet homme s'est retrouvé dans le camp d'internement de Vittel en France, là où il a écrit ce livre. L'histoire de ce livre est très particulière puisqu'il a été retrouvé caché dans le camp de Vittel sous les racines d'un arbres. Il comporte 15 chants.
Katzenelson voulait ainsi faire un dernier acte de Résistance avant d'être lui-même déporté: il voulait témoigner, laisser une trace de l'histoire des juifs qui allaient disparaître.
Le manuscrit se trouve aujourd'hui en Israël au Musée des Combattants des Ghettos, le musée de la Résistance juive.


Photos ci-dessous: Musée des Combattants des Ghettos en Israël. © Marie Berthod
Traduction:
Faire passer en douce un morceau de pain – c’était résister
Enseigner en secret – c’était résister
…. – c’était résister
Sauver des rouleaux de la Torah – c’était résister
Contrefaire des documents – c’était résister
Faire passer une frontière – c’était résister
Chroniquer des événements et dissimuler le journal – c’était résister
Tendre la main aux nécessiteux – c’était résister
Contacter ceux qui subissent un siège et des bombardements – c’était résister
Combattre avec des armes dans la rue, les montagnes et les forêts – c’était résister
Se rebeller dans les camps de la mort – c’était résister
Se révolter dans les ghettos, au milieu des murs qui s’écroulent, dans la révolte la plus désespérée – c’était résister
Yitskhok Katzenelson est né en Biélorussie à Karelitz en 1886. Il a déménagé quand il était jeune à Lódz, en Pologne, avec sa famille. Dès 1904, il publie ses poèmes en yiddish à Varsovie où vont paraître ses nombreuses œuvres jusqu’à la guerre. En 1910, il reprend l’école de son père qu’il dirige à son tour jusqu’en 1939. Entre-temps, il voyage beaucoup. Il a écrit des poèmes, des pièces de théâtre et des chants. Il est mort gazé à Auschwitz en mai 1944.
Voici un extrait du livre "Le chant du peuple juif assassiné" que je trouve intéressant:
« Chante, chante, prends ta harpe vide, creuse et légère,
Sur ses cordes fines, jette tes doigts pesants,
Cœur lourd de douleur et chante le dernier chant
Chante les derniers Juifs d’Europe sur cette terre.
(…)
Venez tous, de Treblinka, d’Auschwitz, de Sobibor,
De Belzec, de Ponar, venez d’ailleurs encore, et encore, et encore !
Les yeux exorbités, le cri figé – un hurlement sans voix – sortez
Des marais, des boues profondes où vous gisez enlisés, des mousses putréfiées »
Charlet Axel, 3°1