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Demain

 

Âgé de cent mille ans, j’aurais encor la force
De t’attendre, ô demain pressenti par l’espoir.
Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses,
Peut gémir : Le matin est neuf, neuf est le soir.

Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,
Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,
Nous parlons à voix basse et nous tendons l’oreille
À maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.

Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas c’est pour guetter l’aurore
Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent.

 

Robert Desnos, Etat de veille, 1942

Voici l'analyse du poème que nous avons faite en classe:

Dans la première strophe, le poème est écrit à la première personne du singulier ("j'aurais encore la force", v.1). Dans la deuxième strophe, le poème est écrit à la première personne du pluriel "nous vivons" (v.5). Dans un premier temps, il utilise le "je" pour montrer son engagement. Par la suite, il introduit le "nous" pour impliquer le lecteur dans cette cause.

 

Dans la première strophe, il utilise une hyperbole "âgé de cent mille ans". Elle évoque un effet d'espoir puisque l'auteur nous montre qu'il attendra aussi longtemps qu'il faudra pour retrouver la paix.

 

Dans la deuxième strophe; on retrouve une allitération en "v": "veillons" (v.6) et "veille" (v.5). L'utilisation de ce procédé permet à l'auteur de nous montrer que la Résistance s'effectuait de manière cachée et discrète.

 

Dans ce poème, on retrouve deux champs lexicaux contradictoires: d'abord, on rencontre celui du désespoir avec "perdu" (v.9), "souffrant" (v.3), "gémir" (v.4). Ensuite, on distingue celui de l'espoir: "espoir" (v.2), "lumière" (v.6), "aurore" (v.11). La mise en avant de cette contradiction montre que la France de cette époque vit dans le malheur mais croit en des jours meilleurs.

 

D'après le cours fait en classe avec Mme Bransiecq

Robert Desnos, (1900 – 1945). Poète français.
© Henri Martinie / Roger – Viollet

Source: https://www.reseau-canope.fr

En cours de français avec Mme Bransiecq, nous avons étudié ce  poème de Robert Desnos, résistant et poète. Il était résistant dans le réseau "Agir" depuis 1942 et a écrit beaucoup dans divers journaux clandestins. Le 22 février 1944, Robert Desnos est arrêté à son domicile par la Gestapo et déporté dans plusieurs camps. En avril 1945, il est transféré jusqu’en Tchécoslovaquie, dans le camp de concentration de Theresienstadt, à Terezin. Épuisé par les privations, malade du typhus, il meurt le 8 juin 1945.

 

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